Dans le cadre des actions du Programme AlphaB, nous partons à la rencontre d'associations qui rejoignent nos thématiques (alphabétisation, lutte contre l'illettrisme, enseignement du français, solidarité...)
Ce mois-ci, nous vous présentons l'association BLR Dynamique et Solidaire
Ce lundi 13 juillet, j’ai rendez-vous avec Wei-Ying, secrétaire de l’association BLR Dynamique et Solidaire (ADS BLR), et coordinatrice des missions des bénévoles. Cette association de Bourg-la-Reine, créée en 2014, œuvre par de multiples initiatives pour l’égalité des chances et l’égalité des droits entre femmes et hommes.
La première année de sa création, l’association a surtout promu l’égalité entre les femmes et les hommes en organisant et animant des conférences sur le sujet. Depuis, chaque année, elle est présente aux deux temps forts de l’année, en novembre sur le thème des violences faites aux femmes et en mars sur les droits des femmes.
Depuis 2016, l’association organise tout au long de l’année des conférences sur d’autres thèmes par exemple harcèlement, addiction, protection des enfants, etc., l’idée étant de sensibiliser, prévenir, et donner à chacun·e les clés pour agir.
Parallèlement, l’association a développé diverses branches d’accompagnement favorisant l’égalité des chances. Son fonctionnement est maintenant bien rôdé : l’association compte plus de soixante membres et une trentaine de bénévoles ; elle est directement en contact avec des centres sociaux et des centres d’hébergement au sein desquels les bénévoles se rendent pour aider adultes, adolescent·es, et enfants. Ils·elles leur proposent une aide individuelle d’accompagnement professionnel, linguistique, numérique, administrative, ou scolaire selon leurs besoins.
A l’initiative de bénévoles de l’association, plusieurs ateliers collectifs de bien-être, de loisirs créatifs et/ou manuels ont vu le jour. Ces activités contribuent à la réinsertion : elles permettent à des personnes précarisées, souvent marginalisées, et qui ont vécu leur lot de difficultés, d’avoir à nouveau confiance en elles, d’éprouver de la fierté, et un certain sens de l’accomplissement. Wei-Ying en donne un exemple « On a construit un poulailler. C’est super important parce que des gens qui ont parfois du mal à se mobiliser étaient là, ont participé aux 5 séances, ils travaillaient en riant, ont dû creuser des trous avec la pioche, la foreuse, … c’était super dur … et quelle fierté à la fin ! ».
L’aide à l’insertion est aujourd’hui un axe majeur de l’association. Son but : que chacun·e puisse suivre sa voie, réaliser son rêve et réussir ; et surtout que personne ne se voit imposer une voie qu’il·elle n’a pas choisi. Pourtant, les clichés ont la vie dure, et la situation de précarité n’aide pas : « malheureusement si vous n’avez pas de diplôme, que vous êtes dans l’urgence, d’origine africaine... boum ! on ne vous propose que des emplois de femme de ménage ! C’est terrible. ». Alors l’association se bat pour que ces personnes aient une deuxième chance, voire une troisième chance et aient accès à un travail, une formation, ou à l’école. En formant des binômes - un·e accompagné·e et un·e accompagnant·e -, le·la bénévole accompagnant·e soutient, conforte la personne dans ses désirs, aide dans les démarches administratives, dans la recherche d’un emploi, dans le suivi d’une formation ou de la scolarité, etc.
J’ai, à cette occasion, rencontré un de ces binômes : Asta, fraîchement diplômée d’un CAP Accompagnant Educatif Petite Enfance, et Michel, bénévole d’ADS BLR retraité. Pendant dix mois, Asta a travaillé d’arrache-pied pour suivre les cours de sa formation, aidée par Michel. Lorsque je les rencontre, ils sont assis autour d’une table dans le jardin du centre Auxilia. Après les embrassades et félicitations de mise pour la réussite d’Asta, ils attaquent leur séance par une dictée. Au programme : participe passé, passé simple, et autres difficultés de la langue française pour qu’Asta puisse améliorer son niveau d’orthographe, indispensable dans le monde du travail. Tout au long de l’année, le binôme, qui se connaît maintenant bien, a travaillé maths, français, histoire-géo, chimie, sciences médico-sociales, etc. Le challenge était ardu puisqu’Asta a arrêté l’école à la fin du CM2. Mais avec beaucoup de détermination, elle a su apprendre à réviser, faire des fiches, répondre aux demandes des professeurs, etc. Le confinement a été un défi supplémentaire : fini les rendez-vous deux fois par semaine avec Michel, il a fallu s’appeler ou communiquer par mail pour suivre le rythme du CAP. Asta admet que ça n’a pas été facile d’autant plus que les QCM et autres devoirs à rendre étaient nombreux. Aujourd’hui, elle espère trouver un travail et a, d’ailleurs, un entretien d’embauche à la crèche de Bourg-La-Reine. Elle compte donc sur Michel pour l’aider à s’entraîner à l’oral afin de mettre toutes les chances de son côté pour l’entretien.
Michel, lui, est ravi d’aider Asta. Quand je lui demande s’il est content de son engagement associatif, il répond, enthousiaste : « Oui oui, d’autant plus qu’elle a réussi ! C’est très enrichissant parce qu’en fait on découvre et on apprend aussi. Moi, je suis ingénieur de formation, j’ai travaillé pendant 40 ans, donc avec un travail fixe, et là je découvre des choses que je ne connaissais pas, des façons de travailler différentes. Et puis de voir quelqu’un qui est motivé, qui veut vraiment avancer, ça c’est vraiment enrichissant ».
Derrière ce joli binôme, il y a l’organisation de l’association avec les structures, un véritable partenariat. Wei-Ying, la coordinatrice, avec qui j’ai pu m’entretenir longuement, recrute les bénévoles, identifie le bénévole le plus adapté à la mission et anime, avec les membres du bureau d’ADS, le réseau des bénévoles. Son engagement dans l’association ADS BLR, c’est aussi un peu la reconversion professionnelle qu’elle n’a jamais faite. Elle me confie avoir souvent joué le rôle de la coach professionnelle dans son ancien travail, mais elle n’a jamais franchi le cap de devenir indépendante. Désormais retraitée, elle accompagne, comme d’autres bénévoles de l’association, des projets professionnels.
Animer les bénévoles, c’est aussi définir le cadre de l’engagement et poser certaines règles. Wei-Ying me parle d’une difficulté survenue dans les débuts de l’activité de soutien individuel : « On a eu des problèmes de gens jugés comme trop intrusifs par les personnes qu’elles aidaient, c’est pour ça qu’on a créé une charte des bénévoles et un document de conseils qui leur sont donnés lors de leur première mission ». Par exemple, certain·e·s voulaient très vite connaitre le parcours des jeunes travailleurs, car ils·elles estimaient que « s’ils ne savaient pas, ils ne pouvaient pas aider ». Wei-Ying souligne : « ces questions étaient parfois mal reçues, interprétées comme racistes… on sait bien qu’ils ne sont pas racistes mais il y a d’autres façons de poser les questions, et il faut prendre le temps que la confiance s’installe. »
Comme me l’explique Wei-Ying, ne pas connaître en détails le parcours des personnes aidées permet aux accompagnant·e·s d’éviter tout préjugé et tout jugement, et aux accompagné·e·s d’être considéré-es comme des personnes à part entière avec leurs talents propres.
Enfin, ADS BLR n’est composée que de bénévoles, il n’y a aucun salarié. Elle mène une politique bien particulière en termes de recrutement de bénévoles. A l’heure où les associations recherchent souvent des bénévoles qualifié·e·s et très disponibles, cette association, elle, a pris le parti d’accepter tout le monde : chacun·e a quelque chose à apporter quel que soit le temps qu’il·elle peut/veut donner à la cause. Wei-Ying l’explique ainsi : « On n’impose jamais, on ne dit pas : les bénévoles doivent être là toutes les semaines, la seule exigence est d’adhérer à nos deux valeurs l’égalité et la solidarité. Je leur demande leurs disponibilités et certains me disent « oh c’est vraiment une fois de temps en temps », je leur dis que ce n’est pas grave, qu’ils peuvent quand même être bénévole chez nous, et aider ponctuellement, parfois quelques séances suffisent, et ils seront appelés pour ces cas-là ». Selon elle, cela permet aux bénévoles de ne pas se sentir obligé·e·s ou contraint·e·s, et une fois qu’ils·elles ont commencé, ils·elles n’ont de toute façon aucune envie d’abandonner, et trouvent souvent un moyen de s’arranger pour ne pas laisser tomber la personne qu’ils·elles accompagnent.
Grâce au dynamisme de l’association, et à l’engagement des bénévoles, ADS BLR a encore de beaux jours devant elle !
Agathe Portal pour le Programme AlphaB
Pour contacter l’association BLR Dynamique et Solidaire
Adresse postale : 8, Rue des Blagis, 92340 Bourg-la-Reine
Pour les permanences : Espace Dolto, 116, Avenue du Général Leclerc, Bourg-la-Reine
06.11.91.04.99
