Dans le cadre des actions du Programme AlphaB, nous partons à la rencontre d'associations qui rejoignent nos thématiques (alphabétisation, lutte contre l'illettrisme, enseignement du français, accompagnement à la scolarité...).
Ce mois-ci, nous vous présentons l'association La Smalah
Le 8 juin 2021, je me suis entretenue sur le logiciel de visioconférences Zoom avec Annie BARTHOLOMEUS, membre active de l’association La Smalah.
Histoire de La Smalah
La Smalah est une association qui se trouve dans le village de Saint-Jean-de-Born dans les Landes (40). Cette région du sud de la France est très contrastée et accueille d’un côté de nombreux·ses étranger·ères venu·es faire du surf sur les côtes atlantiques, et de l’autre, des personnes migrantes désireuses d’une nouvelle vie. En 2013, trois amis aux parcours atypiques arrivent sur le territoire et créent l’association « La Sauce Ouest » qui deviendra plus tard « la Smalah ». Leur idée première est d’ouvrir un café associatif afin que se croisent générations, altérités et projets. Annie est une des trois président·es de l’association et membre actif depuis trois ans. Habitante du village, elle a toujours partagé les idées de La Smalah et trouve un certain équilibre dans son engagement.
Les activités réalisées par La Smalah
Durant l’entretien, Annie utilise une jolie image et m’explique que les activités de La Smalah sont comme une marguerite à cinq pétales. Le cœur étant l’association et les pétales, ses actions principales : le café associatif, les ateliers de formations en menuiserie et charpenterie, les différents projets avec les agriculteurs locaux, l’apprentissage des outils numériques avec l’aide d’un informaticien et enfin, l’université rurale qui accompagne pour la deuxième année une promotion de 12 élèves de parcours hétérogènes. Grâce à ses 7 salarié·es, 50 bénévoles et 500 adhérent·es, La Smalah participe à l’intégration sociale et professionnelle de personnes migrantes et autres personnes arrivant dans la région. Un réel lieu de vie et de partage s’est créé autour de cette association offrant une ambiance amusante et apaisante dans ce village. Les acteurs de La Smalah se sont rapidement rendus compte que pour participer à l’intégration des personnes étrangères, il était nécessaire que ces dernières apprennent la langue française. C’est ainsi que sont nés les cours Babel.
Les cours Babel, le début des cours de français
L’enseignement des cours de français n’était initialement pas une action principale au sein de La Smalah. Elle s’est imposée comme nécessaire pour faciliter l’intégration des personnes nouvellement arrivées et ne parlant pas le français. Le nom, les « cours de Babel », a été choisi en hommage au film « La cour de Babel », film documentaire de Julie BERTUCELLI, sorti en 2014.
L’association accompagne en moyenne 6 à 7 personnes par an, avec des profils et des niveaux très variés. « La porte est ouverte à tout le monde » comme dirait Annie. Les apprentissages sont adaptés et réfléchis en fonction des besoins et des capacités des apprenant·es et se font en binôme : un·e apprenant·e avec un·e bénévole. Les bénévoles sont libres dans leurs méthodes de travail. Certain·es préfèrent suivre des progressions dans des manuels, d’autres favorisent des pratiques telles que la mémorisation de mots autour d’une partie de jeu de société ou l’apprentissage de termes de cuisine autour de la réalisation d’une recette. Le territoire rural impose parfois des distances à parcourir. Pour rendre les cours moins scolaires, Annie explique qu’ils peuvent être réalisés sur un banc à la fin d’un marché ou sur un terrain de badminton en échangeant quelques volants. Tout élément ou action du quotidien est prétexte à la discussion, ce qui permet aux apprenant·es de découvrir la culture et les espaces français tout en apprenant la langue.
Les cours, récents au sein de La Smalah, se développent au fur et à mesure des mois et des années pour s’adapter au mieux aux besoins des apprenant·es et aux espaces environnants.
Une expansion malgré la crise sanitaire
La Smalah a su rebondir des contraintes imposées par la crise sanitaire liée à la Covid-19. Le café, lieu central de l’association, a dû fermer, compliquant les échanges entre les différents acteurs. Les cours de français ont été maintenus pour une grande majorité et ont eu lieu soit en présentiel avec le respect des gestes barrières, soit via des outils numériques. L’entraide est restée au cœur des actions de La Smalah avec la mise en place d’un protocole sanitaire pour assurer la continuité des échanges et du partage.
Les projets pour le futur
Les projets de développement et d’agrandissement sont nombreux à La Smalah. Le premier confinement lui a permis de repenser la gouvernance de l’association, la rendant plus horizontale et avec des rôles bien définis. Le parquet du café a pu être rénové, rendant cet espace majeur pour l’association plus moderne et plus accueillant. Il y a également une volonté de développer les formations proposées avec notamment le projet de former des personnes étrangères dans les cuisines et le bar de La Smalah, pour développer les compétences professionnelles des apprenant·es. De plus, le nouveau local financé par un particulier devrait ouvrir ses portes durant l’été. Enfin, une réflexion est portée sur la création d’un hameau de « tiny house » (petite maison en anglais) pour héberger les bénévoles et les personnes étrangères bénéficiant de l’aide de La Smalah.
Lorette VERVOORT, chargée d’appui pour le Programme AlphaB de Tous Bénévoles
Pour contacter La Smalah :
47 Route des Lacs, 40170 Saint-Julien-en-Born
Mail : contact@la-smalah.fr
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