Le 2 juin 2020,
Dans le cadre de notre suivi auprès des associations d’accompagnement à la scolarité et dans le cadre du CLAS (Contrat Local d’Accompagnement à la Scolarité), nous lançons une série d’entretiens téléphoniques visant à revenir sur les activités mises en place par les associations durant cette période de confinement. Aujourd’hui, je me suis entretenue avec Aude Panet, référente de l’accompagnement à la scolarité au sein de l’association les Enfants de la Goutte D’Or.
L’association les Enfants de la Goutte D’Or - EGDO, implantée depuis 1978 dans le 18ème arrondissement de Paris, propose aux enfants et jeunes du quartier de la Goutte d’Or des activités liées aux loisirs, à la vie scolaire et au sport.
L’accompagnement à la scolarité y occupe une place importante. Il regroupe les activités d’aide aux devoirs pour les enfants du CP à la terminale, ainsi que différents ateliers culturels, proposés en complément. Ces ateliers sont très variés : peinture, édition d’un journal, graphisme, masques, musique et chant, etc.
L’accompagnement à la scolarité se faisant en groupes, l’association a dû suspendre ses activités dès la fermeture des écoles. Le confinement s’est alors brusquement imposé et l’une des premières préoccupations de l’association était de prendre des nouvelles de ses membres. Ainsi, les équipes se sont mobilisées pour appeler chaque famille, savoir comment elles allaient, si elles avaient bien compris les consignes et mesures sanitaires à respecter, quels étaient leurs besoins et sonder leur santé psychique. Afin de mettre en place un accompagnement adapté, il fallait également comprendre le suivi réalisé par les écoles : comment étaient mis en place les devoirs et par quels moyens (format papier, plateformes numériques, téléphone, application WhatsApp, etc.). Cette phase a demandé du temps aux membres de l’association mais comme le rappelle Aude Panet, référente de l’accompagnement à la scolarité, « il était primordial de passer par cette étape pour recenser les besoins des familles ».
Des binômes bénévole-enfant
Pour répondre aux besoins des familles, un recueil des priorités en terme d’accompagnement au travail scolaire a été réalisé afin de limiter les conséquences négatives sur les enfants et jeunes les plus fragiles. L’association a ensuite mis en place un dispositif de soutien en créant des binômes bénévole-enfant. Les binômes ont été créés pour faire coïncider au mieux les besoins et demandes des familles en fonction des capacités de soutien et compétences des bénévoles. Ils ont également été créés en fonction des affinités des un·es et des autres. Concrètement, chaque enfant était accompagné par un bénévole et chaque bénévole pouvait prendre en charge jusqu’à deux ou trois enfants. L’accompagnement se faisait en fonction des outils disponibles par les familles : téléphone, WhatsApp ou plateformes de visio-conférence.
Une soixantaine d’enfants et jeunes accompagnés
Sur les 111 habituellement inscrits à l’accompagnement à la scolarité-aide aux devoirs (hors ateliers), plus de 60 enfants et jeunes du CP à la terminale ont sollicité l’aide de l’association et ont bénéficié d’un accompagnement, par 25 bénévoles volontaires. Les matières des lycéen·es étant plus pointues que celles des plus jeunes enfants, l’association a pris le temps d’appeler chaque jeune pour lui transmettre les coordonnées des bénévoles ayant les compétences nécessaires pour les matières demandées. En plus de cela, à chaque lycéen·ne était attribué·e un·e bénévole référent·e. Suivre l’école à la maison demande une certaine méthodologie et une organisation. Le·la référent·e travaillait cette fois-ci sur la méthode à adopter pour étudier dans de bonnes conditions et se familiariser avec les outils informatiques : comment télécharger des documents reçus par e-mail, créer un dossier, organiser ses fichiers, utiliser une clé USB, etc.
Des suivis positifs grâce aux bénévoles
Aude Panet tient à préciser que le suivi a dans l’ensemble très bien fonctionné et que beaucoup se faisaient quotidiennement. D’autres enfants, jeunes et parents avaient besoin d’une écoute, de discuter pendant une heure ou plus, de se changer les idées. Les bénévoles de l’association se sont profondément engagé·es durant toute la période de confinement et chaque famille ayant exprimé des besoins a reçu un accompagnement adapté.
Mise à disposition de matériel
Certains collèges ont pu mettre à disposition du matériel pour les familles, d’autres établissements distribuaient les devoirs en format papier. Cela était plus compliqué pour les enfants scolarisés en élémentaire qui n’en disposaient pas avant. Sans compter sur les nombreuses familles qui manquaient de connexion internet. Pour pallier à certains de ces problèmes, l’association a réussi à fournir cinq ordinateurs aux familles les moins bien dotées. Par ailleurs, l’accès à un ordinateur et à une imprimante est aujourd’hui possible dans les locaux de l’association, sur rendez-vous.
Les devoirs : oui, mais pas seulement
Parler d’accompagnement à la scolarité résonne souvent comme de l’aide aux devoirs. Cela en fait certes partie mais cela va bien plus loin. Les familles ont souvent des difficultés à comprendre l’intérêt d’offrir aux enfants des activités culturelles, sportives, et du rôle du jeu éducatif quand il s’agit d’accompagnement scolaire. Aude Panet constate qu’une évolution sur ce point s’est fait pendant la période de confinement et que les parents ont compris la complémentarité des activités parallèles et de l’aide aux devoirs.
Ce constat s’est notamment observé avec la « librairie-papèterie-jeux » éphémère tenue par une bénévole durant le confinement. Sur rendez-vous, les familles avaient la possibilité de venir emprunter des livres, des jeux éducatifs, des jouets ou encore des coloriages. Et cela a vraiment bien fonctionné puisque les rendez-vous se succédaient. Une satisfaction pour l’association.
Vers un déconfinement
Depuis le 11 mai, l’association remet peu à peu en place le présentiel dans les locaux. La priorité est donnée aux enfants avec lesquels les suivis étaient les plus difficiles à distance, par ordre d’urgence. Les horaires s’organisent en fonction des emplois du temps variables selon les établissements scolaires du quartier. A raison d’une heure par jour, un·e bénévole accueille de un à trois enfants. L’augmentation du nombre d’enfants se fera progressivement, toujours en respectant les mesures sanitaires mises en place par le Gouvernement. Aude Panet affirme que reprendre les activités en présentiel est primordial pour la remobilisation puisque « cela permet aux enfants d’avoir des outils scolaires par le jeu : lecture, projections, débats, etc. ».
Tout au long de ce confinement et jusqu’à aujourd’hui, nous tenons à féliciter l’engagement des salarié·es et bénévoles des Enfants de la Goutte D’Or qui se sont investi·es pour assurer un suivi individuel, régulier et de qualité pour accompagner les enfants, les jeunes et leurs familles. Pour finir, Aude Panet tient à ajouter que rien n’aurait pu être fait sans l’investissement des parents eux-mêmes pour accompagner leurs enfants en cette période difficile.
Anne-Sophie GIMER, chargée de mission pour le Programme AlphaB
Pour contacter l’association les Enfants de la Goutte D’Or :
25 rue de Chartres - 75018 Paris
Téléphone : 01 42 52 69 48