L’illettrisme est « la situation de personnes de plus de 16 ans [qui], bien qu’ayant été scolarisées, ne parviennent pas à lire et comprendre un texte portant sur des situations de leur vie quotidienne, et/ou ne parviennent pas à écrire pour transmettre des informations simples. Pour ces personnes, ces difficultés en lecture et écriture peuvent se combiner, à des degrés divers, avec une insuffisante maîtrise d’autres compétences de base comme la communication orale, le raisonnement logique, la compréhension et l’utilisation des nombres et des opérations, la prise de repères dans l’espace et dans le temps. Malgré ces déficits, les personnes en situation d’illettrisme ont acquis de l’expérience, une culture et un capital de compétences en ne s’appuyant pas ou peu sur la capacité à lire et à écrire. Certaines ont pu ainsi s’intégrer à la vie sociale et professionnelle, mais l’équilibre est fragile, et le risque de marginalisation permanent. » (Extrait du Cadre national de référence pour l’accès de tous à la lecture, à l’écriture et aux compétences de base, ANLCI 2003)
En savoir plus sur la terminologie (analphabétisme, compétences clés, formation de base, FLE…) : Site Internet Programme AlphaB > Coin Ressources > Notions clefs
En France, plusieurs enquêtes fournissent régulièrement des informations quand à la situation de l’illettrisme sur le territoire métropolitain :
L’enquête « Information et vie quotidienne » (IVQ) réalisée par l’INSEE en partenariat avec l’ANLCI, publiée en 2012. Cette étude nationale a concerné près de 14 000 adultes âgés de 16 à 65 ans. Elle fait suite à la première édition de cette enquête datée de 2004-2005.
* Il existe également : l'enquête Progress International Reading Literacy Study (PIRLS) qui concerne les élèves de CM1, organisée par l’IEA (Association internationale pour l’évaluation des compétences scolaires) et l’enquête internationale Projet International pour Suivi des Acquis des élèves (PISA) commanditée par l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) dans plus d’une trentaine de pays du monde et menée, en France, par la Direction de l’Evaluation et de la Prospective et de la Performance (DEPP) en vue d’évaluer les résultats des systèmes éducatifs, via la mesure des acquis des élèves de 15 ans, français ou étrangers, scolarisés en France.
En 2011, sur le territoire métropolitain, 2,5 millions de personnes entre 18 et 65 ans ayant été scolarisées en France, sont en situation d’illettrisme, soit 7% de la population (selon l’enquête IVQ 2011). Par ailleurs, 22% des adultes âgés de 16 à 65 ans ont un faible niveau de compétence dans le domaine de l’écrit et 28% dans le domaine des chiffres (selon l’enquête PIAAC de l’OCDE 2013).
L’illettrisme touche plus fortement les anciennes générations (moins formées), mais un certain nombre de jeunes restent en difficulté. Ainsi, en 2011, plus de la moitié des personnes en situation d’illettrisme ont plus de 45 ans (IVQ, 2012). En 2015, sur les 770 000 jeunes de nationalité française âgés de 16 à 25 ans qui ont participé à la Journée Défense et Citoyenneté (JDC), 9,6% étaient en difficulté à l’écrit.
Nous constatons toutefois une progression puisque en 2004, sur le territoire métropolitain, 9% de la population était en situation d’illettrisme.
Causes
Il faut noter tout d’abord que l'illettrisme est un phénomène lié aux transformations de notre société et à l'augmentation des exigences de qualification professionnelle. Aujourd’hui, la culture écrite est devenue un impératif pour trouver sa place dans la société (l’écrit est beaucoup plus présent qu’auparavant dans les actes de la vie quotidienne) et dans la vie professionnelle. Cela est d’autant plus vrai avec le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) qui accroissent l’usage de l’écrit et de la lecture entre autres. A cet égard, les compétences numériques (ou « non routinières ») font partie des compétences clés.
Différentes causes (sociales, scolaires, professionnelles, psychologiques…) peuvent entrainer des lacunes dans la maîtrise des compétences clés. Il s’agit généralement d’une combinaison de difficultés : « un passé scolaire douloureux, des situations de rupture, de difficultés familiales, professionnelles, sociales, des situations de travail où le recours à l’écrit n’est pas nécessaire. » (Site Internet de ANLCI). Des situations de migrations, des accidents, des drames personnels, des troubles cognitifs, affectifs ou encore les handicaps peuvent impacter la maitrise des compétences de base.
L’ANLCI précise enfin que l’illettrisme est lié à « un effritement des compétences de base lorsqu’elles ne sont pas utilisées, pratiquées […] ».
Conséquences
La liste ci-dessous présente les difficultés auxquelles peuvent être confrontées les personnes en situation d’illettrisme. Cette liste est non-exhaustive.
1. Conséquences sociales
- Inégalité face à l’éducation
- Cohésion sociale impactée
- Enjeu de marginalisation
- Manque d’autonomie dans la vie quotidienne (documents administratifs, logement…)
- Inégalité d’accès au marché du travail
- Risque de précarité
- Réduction des possibilités de mobilité professionnelle
- Accès inégal à la formation continue
- Différence de rémunération
- Problème d’accès à la santé
- Ecart dans la participation à la vie citoyenne et associative
2. Conséquences cognitives et psychologiques
- Perte de l’estime de soi
- Fragilité dans les capacités à communiquer, à exprimer son avis / ses sentiments…
- Difficultés pour construire et accroître ses connaissances / émancipation intellectuelle
- Impact sur le bien-être individuel
c. Conséquences macroéconomiques
« Au niveau macroéconomique, l’enquête PIAAC montre que les pays où la part d’adultes dotés d’un niveau de compétences de base élevé est forte, et celle possédant un niveau faible est limitée, sont ceux dont le revenu par habitant est le plus important » (Rapport Lutter contre l’illettrisme. Un impératif économique et social, France Stratégie, août 2015). Plus la population d’un pays est formée, plus la productivité est importante et plus le PIB est élevé.
Les conséquences évoquées ci-dessous sont plus ou moins immédiates et directes et affectent plus ou moins les individus. Ces derniers vont avoir tendance à développer des stratégies de compensation ou de détournement pour à la fois remédier et cacher leurs difficultés. En effet, le risque de marginalisation de ces publics est non négligeable dans une société de l’écrit.
L’illettrisme est donc un obstacle à l’insertion de l’individu dans la société, ce qui crée des situations de vulnérabilité, d’isolement ou de rupture. Un taux d’illettrisme élevé impacte également la situation économique d’un pays.
Parce que les conséquences de l'illettrisme impactent la cohésion sociale et le développement économique du pays, depuis plusieurs années maintenant, la lutte contre l’illettrisme fait partie des préoccupations politiques.
Aujourd’hui en France, environ 160 millions d’euros sont consacrés à la lutte contre l’illettrisme (dont organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA), Régions, Etat).
« Avec l’arrivée de nouvelles générations mieux formées, et en poursuivant les actions de lutte contre l’illettrisme dispensées aujourd’hui, le taux d’illettrisme devrait passer mécaniquement d’ici 2025 de 7 à 5,4% de la population » (Rapport Lutter contre l’illettrisme. Un impératif économique et social, France Stratégie, août 2015). Malgré tout, ce rapport préconise une politique volontariste pour atteindre le chiffre de 3,5% à l’horizon 2025, en augmentant de 30% le budget alloué à la lutte contre l’illettrisme.
L'allocation de ce budget doit servir en priorité (Site Internet Educsol) :
- « La refondation de l'École* a pour objectif d'agir le plus précocement possible pour lutter contre les inégalités et de favoriser des apprentissages durables et plus solides »
- Le plan « Agir contre l'illettrisme » qui porte sur : une meilleure sensibilisation et une meilleure information des équipes éducatives ; la consolidation du pilotage du réseau « maîtrise de la langue » ; le renforcement du lien entre l'École et les familles ; le renforcement des partenariats.
*Le ministère de l'éducation nationale a engagé la refondation de l'École de la République qui vise à réduire les inégalités et à favoriser la réussite de tous. La loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l'École concrétise l’engagement de faire de la jeunesse et de l’éducation la priorité de la Nation.
- Soutien à la parentalité à travers les actions éducatives familiales (AEF). « Une action éducative familiale est une action menée avec des adultes qui sont aussi parents et pour qui la non maîtrise des compétences de base – parler, lire, écrire, calculer, compter, se repérer – rend difficile l'accompagnement de la scolarité de leurs enfants, les contacts avec l'école, l'accès à des équipements éducatifs et culturels, l'exercice de la parentalité dans toutes ses dimensions ». Ce dispositif fait partie du plan « Agir contre l’illettrisme ».
- L’enseignement en milieu pénitentiaire : « pour mieux répondre aux besoins des détenus et éviter de nouvelles ruptures dans leur parcours, l'administration pénitentiaire a mis en place un plan d'action contre l'illettrisme. »
La réforme de la formation professionnelle a fait (ré)apparaître la notion de « socle » dans le champ de la formation continue. La loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale fait référence au socle de connaissances et de compétences, notamment comme action de formation éligible au Compte personnel de formation (CPF) : dispositif Cléa.
Le socle de connaissances et de compétences professionnelles, baptisé CléA, est une certification. Le CléA s’adresse à tout actif pas ou peu qualifié souhaitant développer et faire reconnaître ses compétences acquises dans les sept domaines de compétences identifiés par l’ensemble des branches professionnelles.
A travers cette politique d’individualisation des droits à la formation, des dotations spécifiques sont donc mises en place pour les personnes en situation d’illettrisme.
En savoir plus sur… La démarche de l’entreprise en faveur des compétences clés : support pdf de l’Agefos IDF
En savoir plus sur… Le dispositif Cléa : site Internet Cléa
En savoir plus sur… Formation et lutte contre l’illettrisme en Ile-de-France : site Défi-Métiers
De nombreux acteurs agissent de concert : l’Etat, les collectivités territoriales, les établissements tels que l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme, mais également le réseau des Centre Ressources Illettrismes (CRI), le réseau associatif, les missions locales, les entreprises à travers les plans de formation, les fondations…
Champs d’intervention |
Finalités |
Objectifs des actions |
Public ciblé |
1. Prévention |
1. Accompagnement scolaire |
- Lutter contre l’échec scolaire |
- Jeunes scolarisés |
2. Animation socio-culturelle |
Accès à l’autonomie citoyenneté |
- apprentissage linguistique et/ou de base |
Tout public |
3. Formation-insertion |
Accès à l’insertion professionnelle et/ou à la qualification |
Favoriser les apprentissages |
Jeunes et adultes, DE, RMI |
4. Formation salariés |
Maintien et/ou évolution dans l’emploi |
Développer les compétences |
Salariés |
« Du 5 au 10 septembre 2016, les Journées Nationales d’Action contre l’Illettrisme (JNAI) coordonnées par l'Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI) représentent un temps fort annuel dédié à la prévention et à la lutte contre l’illettrisme. Les JNAI ont pour double objectif d’accroître la sensibilisation sur l’illettrisme et de faire connaître les solutions de proximité.
Cette 3ème édition, organisée à travers toute la France, mettra à nouveau en lumière tous les acteurs de terrain qui mettent en œuvre des solutions de prévention et de lutte contre l’illettrisme au quotidien. » (Site ANLCI)
A l’occasion des JNAI, le Programme AlphaB, investi dans la lutte contre l’illettrisme, organise une rencontre le 9 septembre. Cette demi-journée permettra de présenter 3 nouveaux outils utiles dans le cadre de l’enseignement des compétences clés : la nouvelle édition du Guide du bénévole pour l’alphabétisation (collection Tous Bénévoles), le manuel de l’association ADAGE Alphabétisation vers l’emploi et l’ouvrage de Sybille Grandamy le Dictionnaire pour Lire et pour Ecrire.
Inscription à la Rencontre du 9 septembre « Les outils de la rentrée » : suivez le lien.
Contact ANLCI : Virginie Lamontagne - virginie.lamontagne[a]anlci.fr / 04 37 37 16 80
Nous vous invitons dans un premier temps à consulter les différentes catégories de la rubrique « Coin Ressources » du site Internet du Programme AlphaB.
Voici également une petite liste non exhaustive de sites Internet sur lesquels vous trouverez de nombreuses ressources :